Neufs Vies ~

F.ureur Rousse courrait à travers la forêt. La vacarme des monstres des bipèdes était assourdissant. ON les entendait gronder si fort que les arbres tremblaient. A ses côtés, courraient Matin d'Automne. Cette renarde était son amie de toujours, voilà pourquoi elle l'avait choisie pour l'accompagner à la Source de Lune. Dans sa tête, la lieutenante, revit la mort d'Etoile de Givre. Son coeur se serra et les larmes lui montèrent aux yeux. Pourquoi avait-il fallut que ce monstre la percute ? La renarde endeuillée leva les yeux, cherchant l'étoile qui brillait pour la meneuse défunte. Elle se rendit compte, que la lune déclinait à présent. Elle accéléra l'allure, indiquant à sa camarade de faire de même. Il devait arriver bien à destination avant que la lune ne disparaisse derrière les arbres. Heureusement, la renarde était à jeun. Avec la famine qui sévissait elle n'avait pas mangé depuis la veille au soir et la fin lui faisait tourner la tête.

E.nfin se dessina la grotte qui abritait la source de Lune. Elle n'y était allé qu'une fois, lors de son apprentissage. Elle s'arrêta devant la falaise à escalader. Elle était si fatiguée qu'elle ne se croyait pas capable d'y arriver. Elle jeta un regard à son amie, avant de s'élancer sur la première pierre. La présence du guérisseur avait été impossible, celui étant obligé de rester avec le clan. Haletante, elle sauta sur la deuxième pierre. Elle se réceptionna agilement et poursuivie son ascension. Enfin, elle quitta la dernière pierre pour atterrir sur la mince bande de terre qui servait de plate forme. Devant eux s'étendait un épais buisson de ronces, où l'on pouvait deviner une brèche. Elle attendit que Matin d'Automne la rejoigne avant de s'exclamer :

« Alors, prête ? »

« Ils sont partis, partis sans moi. »

Matin d'Automne acquiesça. Son visage était déterminé. Je savais qu'elle ne renoncerait pas et il était de mon devoir de me montrer aussi forte qu'elle. J’inspirai profondément et me faufilai dans la brèche. Les épines me raclaient les côtes. J'étais si maigre, qu'elles touchaient mes os. Mon corps famélique s'extirpa sans mal de l'étreinte acérée des ronces. Devant moi s'étendait un spectacle à couper le souffle. Une grand bassin se tenait là, réfléchissant la lumière irréelle des étoiles. Un chemin de terre descendait en pente douce vers le lac. Une source gargouillait joyeusement, seul bruit venant déchirer l'épais silence de la nuit. Ici, les bipèdes n'existaient pas. Tout était calme et je me détendis. J'entamai la descente, et remarquai avec étonnement, toutes les traces de pattes qui marquaient le sentier. Après avoir couru sur de la terre dure, l'herbe tendre qui poussait devant le bassin fut un délice pour mes pattes endolories. Je n'avais, qu'une envie, me pelotonner contre un rocher et de tout oublier. Mais un clan m'attendait. Tous, du plus jeune au plus ancien, avait besoin de moi. Je plongeai mon regard plein d'incertitude dans celui de mon amie où je crus lire le même émerveillement que le mien. Dire que cette endroit serait bientôt détruit. Je m'accroupis au bord de l'eau et but une gorgée. Elle avait un gout céleste, rempli d'étoile. Un froid glacial m'envahit et j'eus l'impression de basculer dans le vide.

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J'ouvris les yeux sur un forêt brumeuse, presque fantomatique. Les arbres aux feuilles dénudées, aux troncs noirs, n'était pas accueillant. Je ne savais pas où j'étais. Je me mis en marche, le bruit de mes pas étouffée par l'épaisse brume. Où étaient les guerriers d'autrefois. Je n’entendais rien à part le silence. Les arbres se raréfièrent et une vaste plaine apparut. Éclairée par la lune, elle semblait d'argent. Les étoiles brillaient avec une intensité impressionnante. Au loin, je crus discerner un mouvement. Des silhouettes floues, faites d'étoiles se mouvaient à travers les ombres. Elles suivaient un groupe d'animaux de toute espèce confondues. Je m'élançai à leur poursuite en criant. Aucun ne se retourna. Les esprits de nos ancêtres avaient déjà quitté la forêt. Je devais les suivres, il m'attendrait sur notre nouveaux territoire.

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Le froid me quitta peu à peu. Quand je me redressai, c'était la source de lune qui était là, devant mes yeux. J'étais complètement perdue. Pourquoi le Clan des Etoiles ne m'avait il pas attendu ? Je fixai Matin d'Automne d'un regard vide et bégayai :

« Ils sont partis. Je n'ai pas pu leur parler. »

Mais je ne pouvais pas m'apitoyer sur mon sort. Je me mis en marche vers la sortie, pressée de rejoindre les miens. Je pressai le pas, jusqu'à me mettre à courir. Je traversai la buisson de ronce à une vitesse folle, et après avoir contemplé ce haver de paradis une dernière fois, me fondis dans la nuit pour ne jamais me retourner, pour ne jamais revenir.