Je vous obéirait, car je suis un chien qui a besoin d'un maître pour tenir sa laisse. [Pv Desincarnation Anarchique]

Je balayait le Bois aux Milles Reflets avec mon regard froid, impénétrable, sombre. Je regarda mon image, ne voyant qu'une forme noire aux yeux rouges. Je poussa un petit rire moqueur à la vue de mon reflet. Mon propre reflet me fit rire, pourquoi? Étais-je si minable que moi-même se méprisait?


«T'avais raison, poupée, je suis né pour tuer, pas pour vivre. Y a des gens, comme ça, qui savent pas quel est leur but. T'sais, je me demandais souvent, après ta mort, pourquoi je t'ai tué. Au fond, beaucoup n'apprécieraient pas de se faire manipuler par une louve qui disait les aimer, et en plus tuant des innocents. Mais tu sait quoi? J'aime ça, j'aime tuer, j'aime voir le sang couler, j'aime quand il se mêle à mon propre pelage noir. Beaucoup diraient que je suis différent, fou, hein? Parce que je parle à une défunte louve que j'ai moi-même tué, ou parce que j'ai pris plaisir à le faire?

Nan, il y a pas de normalité. Certains aiment chasser, moi mon gibier c'est les loups, les chiens, les renards, les chats, tes semblables, mes amis, tout ce qui vit et a une conscience est bon à dévorer. Quelle naïveté de me dire que je suis dans l'ombre, parce qu'au fond on a tous une part d'ombre. Mais elle dort, au plus profond de votre âme. Vos parents, en vous élevant correctement, vous aident à la contenir, puis c'est le tour de vos amis, de votre compagne, puis de vos semblables, et des autres fantômes à votre mort. Mais mes parents, le méchant loup les a croqué. Moi, j'ai dévoré ma mère, peut-être ne le savais-tu pas, Orphée?

Mon père, aucune idée, en tout cas, je parit que sa chair aurait été savoureuse, pas toi? Ah, je suis qu'un foutu, un put*in de cannibale qui sait même pas qui il est. Toi, tu me comprenais, puisque tu aimait me voir tuer. J'aurais jamais du me laisser dominer par mon désir meurtrier et te dévorer, parce que des louves aussi viles que toi...

Les femelles calculatrices comme toi, ça court pas les sentiers, crois-moi. J'ai bien essayé de trouver une compagne vile qui aurait su me donner des enfants tout aussi fou que moi, si je puis dire, et ainsi peut-être que les autres auraient enfin compris que leur foutu clan des étoiles ne les protège pas? C'est qu'un tas de cadavres volant, leurs morts. Quel idiotie ces guerriers, quelle importance qu'on soit Nuage de Sapin ou Croc Blanc? On devrait dissoudre ces clans et semer le chaos par-ci par-là, ce monde serait idéal.

Tu sais quoi, ma louve? Je suis qu'un s*laud de louveteau qui a besoin d'un maître pour tenir sa laisse, mais qui n'hésite pas à lui dévorer la main. Je suis un idiot qui a besoin d'une boussole mais n'hésite pas à arracher les aiguilles de celle-ci. Je suis un pantin qui déchire ses fil. Et au final, je regrette comme un idiot à la fin, après m'être retrouvé seul. J'ai peur de la solitude. Mais il est toujours là, il m'observe, il m'accompagne, cette chose, cette folie me suis partout.

Et moi, pour la nourrir tandis qu'elle-même me ronge peu à peu, je lui donne tout le sang qu'elle a besoin, je me baigne dans cette mare rouge comme un gamin qui obéit sagement, sauf que je suis seul maître de ma folie, je décide de tout. Quelque part, tout ce que je dis à une logique infaillible et un sens inexistant, oui, tout cela n'a aucun sens. Mais est-ce que les clans en ont plus? Si la vie est cruelle, pourquoi l'au delà devrait-il être différent? Je ne vois pas pourquoi ils prient leur clan pour pouvoir un jour les rejoindre. Si ça se trouve, c'est un véritable enfer, ce que je leur souhaite.

Tu sais quoi? Je leur souhaite d'être écrasé par des pics, d'être torturés. J'ai tué mes frères et sœurs, j'ai saigné plus d'un loup, avide de sang, je suis un solitaire sans but, et j'en ai assez de toute ma vie qui n'a aucun sens! Je veux rendre l'âme, je peux rendre l'âme. Il y a tant de façon, je peux tenter un acte suicidaire en pénétrant directement sur un territoire ennemi, je peux me noyer en essayant de détruire mon propre reflet, ou saisir la lune, mais je ne le peux. Quelque chose me retient. J'ignore quoi.

J'ignore, et cela me torture. Dis-moi, Orphée, comment est ta vie? J'espère que tu me regardes, que tu entend tout cela, louve, car je jure, je te le jure, que je ne rendrais l'âme pour te rejoindre qu'après avoir semé un chaos le plus total, après avoir tué beaucoup plus qu'actuellement, et après que j'aurais exaucé la volonté de mon maître. Qui est-ce? Je le trouverais. Car je suis un idiot. Et parce que je n'ai plus que de la colère, de la haine, de la folie si on en croit les autres, et mon cœur est fané, que je n'ai gardé que mes valeurs: la loyauté, la force, le courage, et j'en passe.

Mes sentiments, je n'ai gardé que ceux qui m'entrainaient dans une danse folle, au cœur des ombres. Mes valeurs, je n'ai gardé que celles que j'ai toujours porté dans ma peau, sur mon corps, dans mes yeux. Mon cœur a passé son hiver, ce n'est plus qu'une fleur fané, qui vole au vent, arrachée. Oui, désormais, je suis Noir, je veux dire, je le suis vraiment, tout est Noir. Tu as raison, je ne suis pas digne de l'ombre, je ne suis qu'un loup sans don.

Mais sache une chose, Orphée, on m'appelle Noir, et ce n'est pas pour rien.

Cette couleur n'a aucune variante, elle n'a qu'un opposé, elle n'a pas de différence, elle me correspond parfaitement. Elle ne laisse paraitre ni tristesse ni bonheur, elle ne représente que la froideur, l'obscurité. Et ça, Orphée, c'est moi, totalement moi, moi pour toujours et a jamais. Je te hais, Orphée, toi, tes semblables, et tous ceux qui vivent dans ce monde, même moi. Tous.»

Je soupira longuement. Il se faisait sombre, nous étions certes en plein jour mais le ciel était sombre, remplis de nuages pleins d'eau, prêts à déverser une pluie dévastatrice sur nous. De toute façon, qui m'entendais dire toutes ces conner*es?! Orphée n'existait plus, je l'avais tué, elle ne m'entendais surement pas. Je regarda mon reflet que saisit une pierre et la jeta avec fureur dessus. Je courut avec colère contre un arbre et j'y cogna avec toutes mes forces ma tête à plusieurs reprises. Mine de rien, ça me calmait. Put*in de journée à la c*n. J'aurais jamais voulut me lever.

Je lança un regard meurtrier au ciel, comme si il était responsable de tout ça. Je vis un peu de sang sur mon museau. Oh, qu'importe. Je me laissait basculer en arrière et je regardais, allongé sur le dos, le ciel sombre. J'avais envie qu'il grêle, histoire de souffrir un peu. Ne me dîtes pas que je vous désespère, parce que, oui, j'suis masochiste et cannibale et je souffre peut-être d'une maladie qui fait que je sens toujours le besoin de tuer, mais je ne suis juste pas comme vous. Vous avez toujours tendance à rejeter la différence.

Est-ce que je dois en vouloir a qui que ce soit pour ce qui m'arrivais? Naon, je devais m'en prendre à seulement moi-même. Je continua à regarder les nuages gris, pensif. Mais la journée ne faisait que commencer, et, j'avais beau dire tout ce que je voulais, aujourd'hui, j'étais le plus chanceux de tous les loups, du moins pour moi.

Hrp: J'sais, il est pas super D: