Foutu soleil qui se levait en ce joli matin. Cœur Brisé grogna et se blottit encore plus profondément dans sa litière. Cependant, le camps peu à peu commença à bouger, et elle finit par devoir accepter le fait qu'elle devait se lever. Elle se mit à pousser un petit grognement contrarié, bon sang, pourquoi le soleil n'eut-il pas cinq minutes de retard? Bah, de toute façon il fallait bien que ce tas de poil finisse par se lever. Cœur Brisé se leva doucement, et s'étira lentement. Elle fit craquer tous ses os.

Raaah... Elle manqua de tomber et tituba jusqu'à la sortie de la tanière des guerriers. Elle ne s'était pas nourrit hier, car elle n'avait pas jugé sa performance en chasse suffisante. Et là, elle avait l'eau à la bouche rien qu'à l'idée de penser à un bon repas. Mais non, elle ne devait pas  se nourrir, ce serait injuste pour toutes ses bouches qui sont en train de chasser, là, alors qu'elle flânait. Son ventre réprima un bruit désagréable, signe qu'elle était affamée. Elle secoua son pelage noir et blanc couvert de poussière.

Elle balaya des yeux le camps: d'abord elle vit l'entrée de la pouponnière: ah, flute, elle haïssait tant les petits, ils étaient bruyants, ils réclamaient de la nourriture sans cesse alors qu'ils n'en rapportaient pas, et puis v'là, quoi, Cœur Brisé ne supporte pas les petits; puis elle dirigea son regard vers les anciens: sages, grands et sages anciens, elle les respectaient: ils avaient chassé toute leur vie durant sans relâche, et aujourd'hui ils méritaient la plus belle des retraites, et parfois elle leur apportait son aide sans y être forcée comme la plus part des apprentis et des guerriers qui y allaient, du moins quand elle avait du temps libre le soir ou le matin très tôt; puis elle vit la tanière des apprentis: ceux-ci étaient tout simplement affreux et magnifiques, elle n'aimait pas voir les autres apprentis avec leurs mentor car elle en était jalouse, en fait elle rêvait tant d'en avoir un, mais elle les adorait quand même pour leur détermination, leur volonté de devenir guerriers, cependant elle était terriblement peinée que le chef ne lui en ait pas encore confié un. Elle les regarda tous, leurs jolis bouilles toutes jeunes, leur pelage tout propre, et leurs visages si innocents...

Et elle, qu'était-elle quand un jour elle fut une apprentis? Elle ne s'en souvient pas vraiment, elle n'avait jamais transgressé les règles et elle avait été une très bonne élève, mais aujourd'hui, elle savait qu'elle avait dépassé de loin son Maître. Et elle, elle ne souhaitait qu'une chose, désormais: apprendre à un élève. Mais elle détourna le regard: après tout elle n'en avait pas un et c'était mieux ainsi. Elle s'approcha jusqu'à aller au milieu de la clairière: aujourd'hui elle allait chasser toute la journée, oui.  Et sans répits.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, un petit chien, à la robe crème, au poil court et avec de grand yeux marchait vers elle et la fixait. Qu'avait-il donc à lui dire? Elle l'ignorais, mais elle n'allait pas tarder à découvrir l'étonnante vérité.