Dès que la nuit nous couvrira |Pv Fleur de Lys

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Le jour. Un soleil radieux. Un ciel bleu sans trop de nuages, juste assez pour décorer l'azur. Rien de bien extraordinaire pour une belle journée de printemps. Seulement ce jour ne venait pas de commencer, bien au contraire et le soleil allait en déclinant, offrant à cette partie du monde les doux rayons rosés d'un début de crépuscule. Merveilleuse période d'un soir, éphémère ambiance juste avant la nuit. Un spectacle splendide auquel une léopard aimait assisté. Chaque fin de journée on la voyait, admirant avec un plaisir non caché l'astre du jour en train d'agoniser juste avant de mourir pour revenir le lendemain matin. Des couleurs orangés, rouges et parfois rosés agrémentaient alors l'atmosphère, la rendant plus belle encore qu'à n'importe quel autre moment. Un moment qui n'arrive qu'une fois, et il ne nous est donné de le découvrir qu'une seule fois, les autres servent à l'apprécier encore et encore, savourant chaque goûte qui tombe avant les ténèbres profondes, éclairées par un croissant, une pleine lune. Parfois, pas toujours, selon le temps, selon le jour. Selon tout. La vie est un programme qui dépend de nombreux critères. De tout et de rien.

Alors cette femelle tachetée marche, vite. Son pas est rapide, ne faut-il pas se dépêcher pour l'admirer ? Certes son temps est compté, mais est-ce alors une raison ?
Elle avance, à grands pas. Son regard de saphir se posant sur l'herbe, sur les montagnes alentours. Les chaînes de montagnes, qui s'élèvent vers le ciel telles des pics pointus cherchant à atteindre la voûte céleste. Pourquoi ? Pour quelle raison une telle obstination. D'aucun vous diraient que cela a toujours été ainsi. D'autres affirmeraient qu'ils n'en savaient strictement rien. Démêlez le vrai du faux à présent que tout a été mélangé. Pourquoi donc ? Nul ne le sait, et nul ne le saura jamais. Et Amy le sait, que rien ne vaut l'ignorance, en ces circonstances. Souvent elle pense, à quoi bon connaître l'inutile, tant que l'on apprend à le voir. Et c'est cette phrase pleine de sens à ses yeux qu'elle se déplace. Furtivement. Calmement. Sans se presser, car son pas est naturellement avancé.

Et là voilà qui grimpe. Sautant de pierres en pierres elle escalade la roche. Et lorsqu'elle est assez haut, contemplant le ciel comme la terre, elle s'arrête, jaugeant l'environnement de son poste d'observation. Désormais cet instant est pour elle. Elle observe, tranquillement, sans songer un seul moment être dérangée.
Car ces couleurs - orange, rouge, rose - l'emportent dans un autre monde, fait uniquement de crépuscule. Les nuages de coton, ces moutons blancs qui parsemaient le ciel auparavant sont à présent bleu nuit, se fondant dans le décor à merveille. Et au loin on le discerne, qui avance au fil du temps, progressivement à une vitesse qui lui convient : le voile sombre de la nuit. Les étoiles font leur apparition, timides points blancs à l'horizon, rejoignant la lune d'argent, faisant ensemble concurrence à l'autre étoile : le soleil. Un duel d'astres, un combat dans l'espace, se reproduisant à l'infini dans l'azur terrestre. Et ce spectacle, jamais ne cesse, inlassablement recommence, pimentant légèrement la vie des félins, des canins et des humains.

Déesse des Âmes s'allongea alors, posant sa tête dorée sur ses pattes tachetées. Elle laissa échapper un ronron de satisfaction devant ce théâtre géant dans lequel chaque acteur avait sa place : la vie.
C'est alors qu'elle sentit une odeur inconnue, différente ô combien de celle de la fraîcheur du soir qui tombe, ou encore de l'herbe sèche des montagnes. Venait-elle aussi pour observer le couchant ?

- Eh bien ? Que fais une petite chatte ici ? L'odeur ne trompe pas. Tu sens le minou.

Amy se retourna pour faire face à une jolie petite féline blanche, tachée de noir. Une fleur qui semblait âgée d'à peine un an. Une novice ? Apparemment non, elle ne sortirait sans protection à moins d'être une rebelle. Et l'éclat doux brillant dans ses prunelles topazes semblait dire le contraire.

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Je me levaiet m'étirai en silence. Etouffant un bâillement de bonheur, je me dirigeai vers le tas de gibier, où je prélevai mon dernier repas du jour. Alors que je cherchais un endroit tranquille pour manger, la patrouille de l'après-midi rentra. Tandis que le chef de patrouille entrait dans la tanière du chef du Clan pour lui faire son rapport, les autres membres de la patrouille se dirigèrent vers le tas de gibier. En m'écartant pour leur libérer le passage, je les saluai de la queue. Un seul répondit clairement, mais l'éclat des yeux des autres valaient mieux que tous les discours du monde. Ils nous laissèrent tous les deux. Le guerrier prit une proie et m'accompagna vers un lieu désert près de notre tanière. Nous mangeâmes en discutant calmement de choses et d'autres. J'aimais vraiment mon Clan, la vie en communauté et, surtout, le moral de mes camarades de Clan, toujours au plus haut, grâce à ma présence et au fait que je voie comme un devoir de faire rire n'importe quel chat déprimé. Cela n'est vraiment pas le cas de celui qui est allongé près de moi, bavardant énormément. Je finis par lui demander de se taire et de manger. Il ne se vexa pas. Bien au contraire, il avala sa proie en un temps record et se remit à parler. Je m'entendais bien avec mon Clan, d'accord, mais il ne fallait quand même pas abuser. Je finis rapidement mon repas et, en m'excusant auprès de mon camarade, je sortis du camp. Je passai enterrer les restes de ma proie, puis, n'ayant aucune envie de retourner au camp, je décidai d'aller observer le coucher du soleil, pour la première fois de ma vie. Je finis par arriver à la Chaîne Éternelle. Je m'allongeai, éblouie par la beauté du spectacle, quand dune voix me fit sursauter et me ramena à la réalité :

- Eh bien ? Que fais une petite chatte ici ? L'odeur ne trompe pas. Tu sens le minou.

Je me tournai dans la direction d'où venait la voix. Un félin s'y trouvait. Ce n'était pas un chat, son odeur étant beaucoup plus forte que celle de mes semblables. Ce ne pouvait donc être qu'un léopard. Et une femelle, son odeur n'était pas assez puissante pour être celle d'un mâle.

-Bonjour, commençai-je. Je venais observer le coucher de soleil, c'est la première fois que cette occasion m'est donnée, je ne voulais surtout pas la rater.

Je réfléchis un instant. Cette odeur m'était inconnue, je n'avais sans doute jamais rencontré cette guerrière lors des Assemblées.

-Au fait, je m'appelle Fleur de Lys, ou Lys.

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La léopard observa la chatte. Elle était petite, comme tous ses congénères. Sa taille pouvait représenter un atout dans certains cas. Mais contre un loup, un chien ou même un félin à l'image d'Amy... elle était cuite. Cependant, la beauté du paysage et le caractère calme de la femelle l'empêchaient de penser à quoi que ce soit d'agressif, de mauvais. Les images sombres et sanguinaires qui parfois parcourent les esprits n'avaient pas de place dans le sien. Une barrière les bloquaient, les refoulant loin, très loin d'elle. Son calme et son air pacifique l'avaient toujours protégée, et aujourd'hui ils lui permettraient peut-être de se faire une amie. La petite minette avait également la tête de celle qui aime se lier d'amitié avec les autres, qu'ils soient de son espèce ou non. Seulement, les siens étaient tous avec elle. A part les domestiques mais ils étaient des cas à part. Déesse des Âmes lança un regard doux accompagné d'un sourire humble à la petite reine. Bien sûr, sa taille pouvait l'effrayer, mais également le fait qu'elle soit dans l'ombre. Seules ses prunelles brillaient tels des joyaux lumineux dans les ténèbres oppressantes, obscures. Néanmoins, la guerrière était persuadée que cette chatte était courageuse et valereuse, sûrement pas le genre à fuir devant une masse imposante et sombre. Enfin, ce n'étaient bien sûr que des suppositions, des hypothèses à vérifier.

Les nuages qui arrivaient en même temps que la nuit masquèrent la lune naissante, bloquant cette douce source de lumière argentée. Le mystère commença alors à l'entourer, la brume allait bientôt s'installer, accompagnant la nuit profonde de l'hiver qui part lentement. La permutation entre la nuit et le jour, entre l'hiver et le printemps... un mélange douteux, étrange et parfois même dangereux. Le gêle, la neige et les tempêtes. C'était un tout. La nature avait ses droits. Elle les prenait, elle les laissait, à sa guise, comme elle le voulait, le souhaitait. Qu'est-ce que cela lui importait que des êtres périssent ? Il y en avait toujours plus, puis moins, un équilibre instable et pourtant si régulier. Alors pourquoi devait-elle craindre son jeu néfaste avec les éléments. Elle avait tous les pouvoirs, et certains pensaient, voulaient se faire à l'idée que leurs ancêtres la contrôlait. Déesse des Âmes ricanait à ce songe. Quelle prétention. Seulement elle ne disait rien, elle écoutait et laisser passer. Qu'importe ? Le temps continue, il s'écoule ainsi depuis longtemps et demain, il n'en sera guère autrement. Alors autant de pas y prêter attention, si on ne veut y croire.

-Bonjour. Je venais observer le coucher de soleil, c'est la première fois que cette occasion m'est donnée, je ne voulais surtout pas la rater.

La chatte avait une voix douce, et cette dernière sortit la léopard de ses pensées. Elles ne se connaissaient pas. Une belle occasion pour faire connaissance et apprendre les coutumes de l'autre non ?

-Au fait, je m'appelle Fleur de Lys, ou Lys.

La grande féline se leva et s'approcha de la minette. Elle la surplombait de sa hauteur, et même si elle le faisait d'une certaine manière, elle ne la regarda pas de haut. Inutile de se prendre pour une championne sous prétexte qu'on est plus grand... ridicule.

- Un vrai spectacle oui. Moi c'est Déesse des Âmes. Ravie de te rencontrer. Au fait, tu es bien une guerrière ? Comment est-ce, la vie d'un chat ?

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Je hochai la tête d'un air entendu, quand elle qualifia l'évènement auquel nous assistions de vrai spectacle. Elle se présenta. Je n'eus pas le temps de lui répondre mon "Enchantée" habituel, qu'elle me posait déjà des questions sur mon rang, ma vie... Je me retins de ronronner. J'aimais les personnes curieuses. Je me raisonnai avant de répondre : ne pas trop en dire, ne pas trahir mon Clan. Vu qu'elle connaissait les rangs, ce n'était sûrement pas une solitaire. C'est donc avec prudence que je lui répondis :

-Enchantée de faire ta connaissance. Oui, je suis une guerrière, je sais que je peux te paraître petite, mais je pourrais te dire que tu es excessivement grande, mais j'ai déjà vu des léopards avant de te rencontrer. Quand à la vie d'un chat... Eh bien... Je pense que ça ne doit pas être très sifférent d'une vie de léopard, à part peut-être que ça doit être vu plus près du sol.

Je ne m'étonnerais pas si elle riait. À chaque fois que je faisais une longue tirade comme celle-là, je faisait toujours rire mon interlocuteur. D'accord, c'était à chaque fois un chat, mais un léopard est aussi un félin, non ? Les cerveaux des deux, à part la taille, ne devaient pas être très différents l'un de l'autre, si ?